mardi 18 janvier 2011

Vivre à présent

Trop souvent, on oublie…

On oublie d’où l’on vient.

On oublie qui l’on est.

On oublie les leçons que la vie nous enseigne.

On oublie trop souvent qu’on oublie et c’est pour ça qu’on se répète souvent les mêmes chapitres.

(On dit que le « on » exclut la personne qui parle. Et bien, n’ayez aucun doute, le « on » est ici inclusif.)

On oublie qu'on est jamais arrivé à destination. Jamais on arrive. Il y a toujours une autre montagne à gravir, une rivière à traverser... Même les haltes ne se confondent pas avec la destination. Car la destination n'existe pas. Nous sommes toujours en mouvement. Et ça, on l'oublie souvent.

C’est à cause du mouvement perpétuel de la vie. Je ne parle pas de la vie moderne et de son stress, mais du mouvement fondamental de la vie, de la vie moléculaire, de celle qui est toujours en mouvement. Ce mouvement est presque imperceptible et c’est pourtant lui qui nous maintient vivant.

Par ce mouvement, on devient toujours une nouvelle personne, à partir du même code. À notre insu, on se renouvelle et on l’oublie. Trop souvent. On cherche, on lit, on médite, on écrit, on dessine, on peint, on travaille sur soi, on danse, on chante… On quête du sens ici et là et pourtant on oublie qu’à vouloir devenir quelqu’un on continue de se renouveller constamment. Finalement, on oublie Qui l’on est.

On croit mourir avec les cellules de naissance. Ces cellules-là meurent avant nous, plusieurs fois, même ; elles meurent et font place à des nouvelles, jeunes et fraîches, on l’imagine. Ça aussi, on l’oublie. On oublie qu’on meurt physiquement à chaque instant et qu’on renaît au même moment.

Et l’on attend un miracle, la révélation de Qui on est ! Et bien, bonne nouvelle, il est là le miracle, dans l’ici et maintenant.

En ce moment, vous avez sûrement une petite peau morte qui tend à se détacher de vous. Elle vous donne envie de la gratter ou de l’exfolier. Ces petites peaux mortes m’agacent et, en même temps, elles me rappellent que je me renouvelle continuellement. Je me sens rassurée. Ça aussi je l’oublie. Je meurs et renais à moi-même au moment où je vous écris. Et vous aussi. Et c'est ainsi.

Mais quel sens donner à ces milliards de renaissances à soi-même ? Alors que plusieurs cherchent à renaître à leur essence, ce processus de multiplication cellulaire essentiel à la survie est en constant mouvement dans l’infiniment petit du corps physique. Je suis la preuve vivante de la renaissance. Et vous aussi ! Ressentez-vous la paix que procure une telle affirmation: je suis la preuve vivante de la renaissance?

Tant et aussi longtemps que je pose mon regard sur l’extérieur et que ma quête du devenir m’éloigne du regard intérieur et de la quête de l’Être, la paix et la réalisation de soi, tant convoitées, ne sont que théorie car la saveur du vivant est lovée dans le corps physique, dans chacune de nos cellules. Savourer le vivant en soi passe, entre autres, par la conscience et l’amour de son corps. Aimer, c’est écouter, c’est toucher. Aimer, c’est respecter. Aimer, c’est donner et recevoir. Aimer, c’est être en relation. Aimer son corps, c’est être en relation avec soi.

Tristement, on oublie son corps. Il suit ou il ne suit pas. Il parle ou il crie. Il chuchote aussi. Trop souvent, on maltraite son corps en lui imposant nos idées et notre style de vie. Il encaisse. Il engrange. Il traduit. Il survit. Mais il est là, jusqu’à la fin, coûte que coûte. Et Dieu sait qu’il peut être coûteux de tenter de le faire taire pour éviter d’être en relation avec lui, car on a oublié qu’il est notre meilleur ami.

Trop souvent on oublie qui nous sommes car nous avons oublié la clé d’accès qui nous révèle à nous-même: le corps et ses images (images visuelles, auditives, olfactives, tactiles et gustatives). Elles parlent de Qui nous sommes au moment présent.

Fermez les yeux et laissez circuler ce qui est dans votre corps par l’intermédiaire de vos sens. Permettez aux sensations d’éveiller les images qui, spontanément, se révèlent à vous. Toutes ses images (sensitives) traduisent votre véritable nature dans l’ici et maintenant. Être dans le présent est un défi car on l’oublie souvent.

Et, trop souvent, on oublie de vivre le moment présent.


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