mercredi 14 octobre 2009

Haïku

« Avant l’écriture, il y a le regard. Celui qui vient du cœur. » « La force du haïku, c’est qu’il met en lumière ce qui, autrement, glisserait dans l’indifférence du quotidien. » Hélène Leclerc, haïkiste

Touchants moments que ceux partagés avec cette lumière dans les yeux d’une passionnée du haïku. Petit interview autour d’un thé vert et d’un café, le temps de mettre en lumière ce qui constituera un premier 5 minutes radiophoniques, Portrait d’artistes de la région.

« La lumière », dit-elle. Celle qui brille au cœur des prunelles noisettes de cette femme, celle qui émane des trois courtes lignes d’un inuksuk alphabétisé, enraciné par la force créative des traces mémorielles d'un temps qui file.

Le regard et la lumière.

Aujourd’hui, je porte ce regard, celui qui vient du cœur, sur ma propre lumière. Question de manifester ma différence et d’en faire matière.

lundi 12 octobre 2009

L'eau bénite

Il fut un temps, pas si lointain, où le virus du Sida teinta la réalité sexuelle de toute la planète. Les uns se foutaient de tout risque possible, les autres furent terrorisés par la mort, par la souffrance surtout et par la décrépitude de la vie via l’acte dit amoureux. La culpabilité s’érigea sur son piédestal judéo-chrétien empoisonnant la sexualité d’une planète occidentale qui tentait, avec difficulté toutefois, de se libérer du joug religieux. Le Sida est devenu, par surcroît, une arme, une cause, une crainte, un génocide…

Les années passent et se ressemblent. Nous voici en 2009 devant un fléau hors du commun, encore une fois, la grippe A H1N1. Qu’elle soit une arnaque, une conspiration ou la réalité toute crue, qu’elle active la peur ou la prévention, virtuelle pour les uns et manifeste pour les autres, personne ne demeure indifférent. C’est une préoccupation, voir une occupation ou une manipulation. Chacun y va de sa théorie sur la situation mondiale en prenant soin d’exprimer son point de vue et sa position sur la vaccination massive qui est à nos portes.

Pendant ce temps, l’Église retire graduellement l’eau bénite de ses temples de prière et d’évangélisation. Quoi en penser ?
Pendant ce temps, on modère les accolades et les poignées de main aux rassemblements de l’Action de Grâces.
Pendant ce temps, on évite même les rencontres sociales.
Il semblerait que tous ces moyens sont préventifs et permettent une meilleure gestion microbienne en évitant, justement, de les rendre accessibles à tous.

Alors que le Sida a pu renforcé la pudeur, la méfiance et la crainte de mourir par la sexualité, qui est l’ultime acte de fusion de la matière et de l’âme et le siège de la créativité, est en train de naître actuellement une hystérie de la proximité, du contact et des relations sociales si précieuses à l’expansion et l’expression humaine. Le toucher est l’un des premiers sens à se développer chez le fœtus. Le toucher sain est essentiel à la vie, autant que l’eau saine.

Qu’en est-il du discernement ?
Qu’en est-il des réponses à nos besoins primordiaux ?
Qu’en est-il de la peur qui devient le moteur de l’économie mondiale ?
Saurons-nous nous y retrouver ?
Saurons-nous préserver notre immunité morale, affective et physique ?

Aujourd’hui, plus de questions que de réponses.
Toutefois, à travers tout ce que je ne sais pas, je sais que je ne me laisse pas nourrir par la peur. Mes choix reposent sur mes valeurs profondes supportées par différentes sources d’informations et par le discernement que j’aiguise depuis une cinquantaine d’années.

Vivre en résonnance avec ses choix et en assumer tous les aspects, n’est-ce pas ce qui importe ? Car, dans toutes situations, au sein de tous les choix que nous faisons, il y a des aspects positifs bien évidemment, mais aussi des éléments qui nous plaisent moins. Toutes les conséquences de nos choix ne sont pas nécessairement positives, si je puis le dire ainsi. Aussi, malgré nos meilleures intentions, les choix que nous faisons impliquent inévitablement des renoncements, des inconforts et des gains.

Aussi, c’est dans l’ACCEPTATION de tous les aspects positifs et négatifs qui résident au cœur des choix que nous faisons que la paix intérieure existe réellement. Que la paix soit avec vous… et avec votre esprit, disait-on.

vendredi 9 octobre 2009

Good Karma

Entre deux ondées, il a enfin trouvé sa famille d'accueil.

Après avoir été lavé de toutes ses impuretés et de tout son passé nébuleux. Après avoir acquis quelques rides, traces de sagesse mais aussi cicatrices des blessures intérieures ou de parcours arides... je ne sais pas.

Il ne l'avait pas eu facile... je ne sais pas.

Mais, ce que je sais parce que je l'ai vu, c'est que son nouveau propriétaire s'est présenté en "pickup" avec une boîte fermée. Ça le protégera des orages à venir. Un petit monsieur à la retraite qui aime engranger ce que les autres ne veulent plus. Et, sans rien demander à qui que ce soit, il a soulevé la porte arrière de sa boîte de camion, il y a fait de la place, il a retirer les deux tiroirs de ce magnifique secrétaire dont personne d'autre n'a voulu jusqu'à présent, il soulevé le meuble pour le glisser dans son véhicule.

Et voilà, le tour est joué, mon paysage est maintenant allégé de ce bureau que j'avais laissé à l'abandon. Nettoyé de tout son passé. On ne sait jamais ce qui a pu être négocié autour de ce meuble! Des ententes mais peut-être aussi des manigances malsaines. Enfin, peu importe, Mère Nature l'a lavé de tout et je dis bien de tout parce que cet automne est particulièrement généreux de l'eau bénite qu'on ne retrouve même plus à l'Église ces jours-ci.

J'ai fait ma B.A. J'ai laissé partir le petit monsieur en souhaitant longue vie, à tous les deux.

mercredi 7 octobre 2009

Souvenirs d'été

Trame urbaine

Petit déjeuner sur le patio. J’écris ça et si je suis lu, on pourrait même croire que j’ai une vue sur la mer ou sur la montagne, sur le lac ou sur la forêt. Mais non, je suis au coeur d’une cour arrière dévastée par des rénovations et par l’installation d’un nouveau champ d’épuration.

On appelle ça des améliorations locatives. Bonté divine ! Comment se fait-il qu’en voulant améliorer, donner un petit coup de pouce à la vie, il faille, par la même occasion, éprouver les alentours ? Pourquoi cette volonté d’évoluer, de changer, de modifier et d’adapter le cœur des choses à une nouvelle réalité a-t-elle une influence nette sur la périphérie ? Ce doit être l'effet miroir ou boomerang ou l'effet de serre... effectivement qu'il faut maintenant se serrer la ceinture, comme disait mon père.

Comme l’œil est sélectif, j’aime quand même être sur ce balcon, disons un patio, ça fait plus chic. De toute manière, c’en est un. J’aime le soleil dans mon dos. J’aime mon chum qui dort. J’aime qu’il dorme en ce moment, ça me procure ce doux moment de solitude et de bien-être.

Un oiseau chante. Oups, il crie. Oui. Je ne peux pas qualifier ce bruit de chant. Oups ! Il s’arrête. Peut-être l’ai-je insulté. Comme la pensée crée... J'imagine que je n’apprécie pas sa mélodie à sa juste mesure. Et peut-être est-il simplement désaccordé. Toutefois, il y a une symphonie aussi chez mon voisin, leurs puissantes notes se rendent jusqu’ici.

J’entends des voix, aussi. Je me croirais sur un terrain de camping, tôt le matin. La proximité heureuse de la jeune matinée. Le voisin n’a pas fini son café. Bien heureux sont ces voisins, car, aussitôt qu’il aura ingurgité sa dernière bouche de toast au Nutella et fait cul-sec avec son Nescafé, les fourmis dans les jambes, il s’affairera à remonter tout ce qui se trouve sur son super véhicule de travail. Il est un rénovateur. Je n’ai pas écrit novateur. Il ne faut pas s’y méprendre. Il tente, étés après étés, de réparer, rafistoler, bricoler et récurer tout son attirail avec lequel il travaille : son camion et ses outils, dont un super lift hydraulique qui s’élève au-dessus de notre haie de cèdre de 15 pieds. Trois fois par été, au moins ou peut-être plus, je n'ai pas compté, il nous pompe les narines avec son incursion dans notre vie privée en s’offrant une vue imprenable sur nos hamburgers-salade. Rien de mieux qu’un sourire garni pour confronter son regard.

Un peu de lubrifiant ici, de l’huile autour, ajustement par là et hop ! Le tour est joué. Et pourquoi ne pas faire tout ça sous l’œil éprouvé de sa voisine, en l’occurrence moi-même. C’est l’histoire de mes nouveaux étés bien entourés dans une simili banlieue.

Tasse de café au lait à la main, un journal bien étalé sur ma table de patio, le soleil, une légère brise, le paradis, quoi ! L’enfer de la mécanique fissure l’auréole qui flotte au-dessus de mon parasol. Je n’entends plus une seule ligne de Foglia ou de Pétrowsky. La symphonie des oiseaux est étouffée par le baroque tintamarre de Monsieur Réno. Plus débrouillard que ça, tu meurs ! Et bien moi, je meurs d’envie de lui louer un camion de déménagement.

L'oiseau de nuit

Quand l’insomnie me guette dans le coin de la chambre à coucher et, qu’au moindre soubresaut, elle m’invite à passer la nuit avec elle au lieu de m’allonger dans les bras de Morphée, je vous assure qu’elle gagne à chaque fois. Me voici bien assise, avec une camomille et mon portable, au beau milieu de la nuit, sur mon divan préféré.

Je ne le préfère pas parce qu’il est beau ou confortable. Pas du tout. Je le préfère parce qu’il est placé au bon endroit dans mon salon. C’est quasiment idiot ! Si j’avais le choix ou plutôt si je me donnais le choix d’investir dans l’achat d’une nouvelle causeuse, je vous assure que celle-ci finirait à côté du secrétaire antique qui est demeuré au bord du chemin depuis plus d’un mois.

Grâce à ce bureau, je me sens de plus en plus en sécurité dans mon quartier. J’ai l’assurance qu’il n’y a pas de voleur. Bien que j’aie tenté de le vendre sur Les Pac, par des affiches et par des envois courriels à ma fameuse liste de connaissances, il repose encore sur le rebord de mon gazon vert et ce depuis 6 semaines. Il n’a pas trouvé de famille d’accueil, même pas un voleur… personne n’en veut. J’en suis venue à me demander : « Comment ai-je pu avoir le béguin pour un meuble qui a si peu d'attrait et que j'ai payé un prix pas très raisonnable ? » Mes goûts sont-ils si bizarres ?

Bien beau, il était. Mais les pluies d’automne, le vent et le soleil ont eu raison de l’ageuse patine fini antique de sa peau maintenant plus crevassé que l'épiderme façonné par les glacials hivers d'Alaska. Il finira bientôt en bois de chauffage !

Il y a de ces nuits où il vaut mieux écrire que ressasser les événements du passé en tentant de nous faire croire que ce n'était qu'un rêve. Il y a de ces nuits où l'imaginaire est au rendez-vous. Et je ne suis pas la seule à me laisser inspirer par le silence nocturne, je viens tout juste de recevoir l’envoi de ma fameuse coach de vie. Rien. Rien de spécial à commenter et je n’irai pas vous répéter, mot à mot, le contenu de son message. Toutefois, je me demandais si elle écrivait vraiment le matin au réveil comme elle semble nous le faire croire. Et bien non, pas ce soir, assurément. Elle écrit juste avant de s’endormir. Je l’ai démasquée. Elle semble veiller aussi tard que moi ce soir. Pour sa part, mission accomplie, elle s’est peut-être glissée sous les draps. Et, pour tout vous avouer, elle m’a fait parvenir du réchauffé, un envoi qui date de quelques mois. Il fut très apprécié, dit-elle. Tellement, qu’elle nous le refait une deuxième fois. Je ne savais pas que j’avais droit à un rappel.

Pour nous aider à regagner les draps, je n’irai pas vous éclabousser des fameuses recettes d’hygiène du sommeil. Faudrait pas pousser le ridicule au pied du lit. Je sais que je ne fais aucun effort en ce moment pour favoriser le chiffre de nuit de mes lourdes paupières. Je suis bien assise à taper sur un clavier d’ordinateur. C’est totalement anti-sommeil ! Les plus grands spécialistes vous le diront. Vous le savez déjà. Je n’ose même pas glisser quelques exemples qui pourraient vous aider, vous aussi, à cesser de lire ces lignes que vous lisez assurément en pleine nuit… Allez, sortez du placard et révélez-vous au grand jour en pleine nuit ! Je vous ai démasqué, vous aussi. Il y a même quelques noctambules qui écrivent dans la zone commentaires. Et oui.

Et, quant à lire, voici un des sites sur l’hygiène du sommeil. S'il vous reste encore des forces pour changer de page web.
http://www.reseau-morphee.com/page10427.asp
Ce sera plus profitable pour vous de vous y rendre maintenant et de vous prendre en main dès à présent.
Quant à moi, écrire et laisser aller les idées sur la clavier en sachant que ça peut en faire sourire quelques-uns ou même ennuyer au point d’induire la détente et pourquoi pas le sommeil, m’a finalement procurer l’effet tant désiré : aller rejoindre mon partenaire de vie qui est déjà, quant à lui, enveloppé par la douceur des bras de Morphée.

vendredi 2 octobre 2009

Lever les voiles

Le petit garçon regarda l’étoile et se mit à pleurer. L’étoile lui dit : « Pourquoi pleures-tu ? »
Le garçon lui répondit : « Tu es trop loin, je ne pourrai jamais te toucher ! »
Et l’étoile lui répliqua : « Petit, si je n’étais pas déjà dans ton cœur, tu ne serais pas capable de me voir ! »
John Magliola

L’objet du regard reflète l’état intérieur. Mais, des fois, on n’y voit rien !

Je m’imagine, au cours de ces journées où tout va de travers… Où les choses ne vont pas assez… Où les gens sont trop… Où rien ne va ou à peu près. Je m’imagine que l’extérieur n’a rien à voir, finalement.

Tout comme les événements, les gens, les lieux qui nous entourent, l’étoile dans le ciel, n’est-elle pas toujours la même ? Qu’elle nous apparaisse brillante, loin ou qu’on la cherche inlassablement sans la retrouver dans tout ce fouillis de comètes et de voies lactées, (surtout quand on ne s’appelle pas Hubert Reeves), et bien je réalise que ce doit être aussi le fouillis dans mon cœur, en ces moments-là.

Ce matin, la voie lactée a besoin d’un petit époussetage. J’y vois moins la brillance. Et l’étoile du Petit Prince me dira qu’elle brille tout autant et que le brouillard est dû au voile qui est collé à ma cornée coronaire et non à la couche d’ozone qui mute en couverture de ouate.

Jour et nuit, le petit garçon du poème a accès à son étoile, puisqu’elle est logée en son cœur. Il peut la contempler à tout moment. Il peut s’y ressourcer au besoin. Elle est belle, cette étoile, parce qu’elle est regardée par ce petit garçon-là, avec ces yeux-là, par ce cœur-là, à ce moment-là. Même s’il ne la voit pas.

Sans vraiment savoir dans quel état est mon télescope intérieur et avec quels yeux ma journée commence, je jette un regard sur ce qui m’entoure et, finalement, ça m’en dit long sur mon état intérieur et sur les filtres qui rendront cette journée agréable, difficile, fluide, triste ou simplement vivante.

Et si le voile persiste parce qu’il a simplement besoin d’exister, de la main, je peux en écarter les traînées opaques et choisir de créer un éclairci qui m’aidera à mieux y voir clair, tant dehors que dedans. Bien en main, le voile ne fait plus obstacle. Bien en main, il est là, dans ma paume et je le tiens. Bien en main, j’accueille son existence et je choisis de vivre cette journée avec lui et de le reconnaître sans vouloir à tout prix l’exterminer. Bien en main, l’œil dans l’ouverture, j’y vois déjà mieux.

jeudi 1 octobre 2009

Respirer la lumière

Ma coach en ligne me rappelle ce matin, en me comparant à la lumière des étoiles, que je suis à la fois petite et très grande. En six phrases, courtes et concises, elle m’invite à briller toute la journée. Merci de me le rappeler, en ce jeudi gris et frisquet.

Bon. Et puis après.

Je vais devoir me stimuler moi-même et cela n’a rien à voir avec les voies de l’extase du taoïsme. Non, mesdames et messieurs. Mais je dois quand même m’en remettre à ma force intérieure pour aviver l’astre solaire de ma journée. Devrais-je penser à créer un blogue d'auto-stimulation?

Blogue ou blague à part, peut-on compter sur des motivations extérieures pour mettre du feu dans notre cheminée. Le feu nourrit le feu, mais il faut bien que quelqu’un l’allume, me direz-vous. Voilà. Et peu importent ses propos, cette motivatrice trouve le moyen d’allumer, même avec des brindilles, le feu de ma plume. Quoi que vous en pensiez, je ne suis pas en réaction à son envoi matinal de ce jour. Bien au contraire, ses courtes phrases créent des semences en moi que je choisis d’arroser, ici, sous vos yeux. Et même si je passe du feu à l’eau dans le même paragraphe, ce n’est pas pour éteindre mais bien pour animer la flamme créatrice, en moi et en vous.

Vous allez peut-être croire que je saute du coq à l’âne, que je passe du noir au blanc ou que je vacille dans la dualité la plus humaine. Oui et non. C’est la complémentarité qui m’attise. Nous sommes complémentaires, tous, sans exception. Cellulairement, chimiquement, physiquement, en nous et entre nous. Cerveau gauche, cerveau droit… ça vous dit quelque chose ? C’est une question d’équilibre. Et, mauvaise ou bonne nouvelle, à vous de choisir, l’équilibre n’est jamais atteint. En l’atteignant, l’équilibre mute en statisme. Et, bonne nouvelle, la vie est un mouvement perpétuel. Fuyons le statisme et nourrissons le mouvement dans la direction qui est la bonne pour nous. Car la vie est mouvement et le mouvement est la vie. Ouf ! Quelle vérité !

Et si ma coach en ligne m’invite à briller, moi je vous invite à vivre et à conserver le mouvement de la vie bien vivant. La recherche d’équilibre nous fait expérimenter nos polarités, nos dualités, nos nuances, nos extrêmes, nos différentes expressions caractérielles. Observer l’équilibriste, un petit coup à gauche, un vacillement à droite, un pas en avant, un pas en arrière et Hop ! On l’applaudit pour l’exploit. Lequel ? Celui de ne pas être tombé ? Non. Celui de nous avoir prouvé, une fois de plus, qu’être en déséquilibre ne tue personne. S’il s’était arrêté, sur son fil, simplement parce que Jean dit : arrête-toi. Ça aurait été fait. La vie en lui se serait arrêtée net.

Et pourquoi, humbles humains, cherchons-nous incessament à arrêter le mouvement quand tout va pour le mieux ou même quand tout va mal? La peur. Oui, par peur que la situation s’envenime. Par peur de perdre le petit ou grand bonheur qui est présent. Et, parce que ça fait trop mal parfois, on oublie de respirer. On bloque la vie. Heureusement que le statisme n’existe pas dans la vraie vie mais seulement dans le dictionnaire. En fait, ça nous permet d’en apprécier son opposé : le mouvement. On est comme ça, on passe d'un opposé à l'autre. On expérimente la vie et ses formes. Nous sommes de perpétuels élèves en apprentissage.

C’est en accueillant notre état d’être au présent et en respirant dedans que nous nous manifestons dans l’humilité de notre grandeur et dans notre brillance. Et, sans se prendre pour autant pour une étoile filante, reconnaissons que nous faisons partie d’un tout dans cette merveilleuse galaxie et que nous sommes complémentaires et nécessaires à l’expression de la vie, ici et maintenant.

Et oui, comme le dit la chanson:
Y a une étoile pour nous, y a une étoile en chacun de nous.

mercredi 30 septembre 2009

J'habite en moi

Même si chaque matin nous nous intériorisons afin de planifier notre journée, même si nous nous investissons à visualiser le meilleur qui nous arrive dans un scénario particulier, plus ou moins précis, afin de nourrir le pouvoir de l’intention, il demeure que le meilleur de soi s’exprime souvent par des événements et dans des formes qui nous surprennent. Ça vous est déjà arrivé à vous aussi, n’est-ce pas, d’être surpris par la vie !

Doit-on se laisser surprendre ? Doit-on planifier, visualiser, voir même contrôler la pensée créatrice ? À vous de choisir. Je ne suis pas celle qui vous dictera une ligne de conduite. Loin de là. Déjà que je m’affaire à relâcher la tension sur le volant de ma vie, à éviter de me contrôler et d’agir sur ma destinée comme si on m’avait greffé la télécommande au poignet.

Se préparer à la surprise est assurément la meilleure attitude à développer car, ce que nous choisissons de vivre peut prendre des formes parfois et même souvent très étonnantes. On pense que l’entrée d’argent se pointera par Accès D. On s’imagine que la poste nous apportera la bonne nouvelle qu’on attend. On anticipe le bonheur livré sur un plateau d’argent ou d’or, tout dépend de la vision de chacun, par un beau gars ou par une belle fille aux qualificatifs dignes de notre plus somptueuse liste d’épicerie affective. Du moins, on espère, on aimerait, on voudrait… Et quoi encore ?

Je vous assure, la voie la plus sure est celle qui mène à soi. Et comme ce parcours n’est pas encore défini. Se l’imaginer, l’anticiper ou tenter de se le créer dans les moindres détails devient une perte de temps et d’énergie considérable.

Je vous assure encore que l’énergie, déployée à créer une formule soi-disant gagnante et à scénariser le quotidien, pourrait servir à nourrir plutôt qu’à vider les réserves. Employée à mauvais escient, l’énergie ne se renouvelle pas et les batteries s’épuisent. En connaissez-vous des gens autour de vous qui sont en panne de carburant ? Vous reconnaissez-vous ?

Tôt ou tard, nous sommes amenés à reconnaître que c’est par le voyage intérieur qu’on repère l’oasis de paix qui nous procurera la quiétude, la force et l’énergie pour relever les défis du quotidien. Car, des défis, il y en a, n’est-ce pas ! Ou suis-je la seule à l’avoir remarqué !

En ce matin tristounet d’automne, juste avant d’aller plus en profondeur au cœur de cette journée, j'utilise ma respiration pour descendre dans l’antre de mon être, simplement pour aller m'y rencontrer. Inspire et expire, dit-on. Nous y voilà. Respirer consciemment pour entrer en contact symbiotique avec soi, avec le corps qui est nôtre et avec la vie qui y circule. Simplement. Ressentir la vie par les émotions qui résonnent, ressentir la vie par les pensées qui divaguent, ressentir la vie par la modeste intention de passer la journée en notre compagnie, dans l’accueil de qui nous sommes ici et maintenant.

Tenter de demeurer à l’intérieur de soi, toute la journée, voilà l’intention pure de se créer un monde meilleur. Aujourd'hui, j'habite mon humble demeure et de je m'y garde au chaud.

mardi 29 septembre 2009

Oser

Je suis abonnée à un envoi matinal d’une coach de vie. Quelques mots, quelques phrases, des histoires de vie qui font sens et qui motivent pour entamer cette journée qui débute dans la conscience et avec le sourire.

À ma grande surprise, les tranches de vie n'ont pas toutes de la même consistance. Comme si le pain tranché qu’on achète au supermarché nous servait chaque matin des tranches inégales, plus ou moins épaisses. Certains matins, j’en ai pour mon argent, comme on dit. Même si c’est gratuit. Et c’est gratuit, de quoi est-ce que je me plains après tout…

D’autres matins, comme ce matin, quelques mots, une citation d’une personnalité connue et vlan… L’envoi arrive dans ma boîte aux lettres virtuelle (y a même pas de matière !). J’ouvre avec empressement et j’ai peine à trouver de quoi me mettre sur ou sous la dent. Quoique sous la dent…

Le jugement s'enchaîne à la surprise d’une maigre pitance. Mais pour qui se prend-elle ? Coach de vie… C’est gratuit et elle nous envoie seulement les amuse-gueules pour qu’on achète le plat principal ! Maudit jugement. C’est ce même bourreau qui agit quand je n’écris pas sur mon propre blogue. "De toute façon, personne ne te lit. Tu ne l’envoies à personne. Personne ne te lit. Justement, si tu n’as pas de lecteur, à quoi bon écrire et déposer des mots sur le web et les laisser mourir dans l’anonymat le plus total."

Au moins, elle, elle se lance, chaque matin, sans jugement sur la longueur, la pesanteur ou l’impact des mots. Elle écrit et envoie le contenu. C’est tout. Elle sait qu’on attend. Elle sait qu’on la lit en buvant notre café noir. Mais le sait-elle vraiment ? Et si, en voyant son nom, on glissait directement à la corbeille la récolte matinale. Elle ne le sait pas. On ne sait jamais. Ça ne se mesure pas, pas vraiment.

Et peu importe la pensée qui trotte entre les deux oreilles, quand on la laisse descendre un peu plus bas, au beau milieu de la poitrine, là où le cœur irradie de mille feux, les mots méritent de s’envoler vers d’autres cieux, vers d’autres lieux, vers d’autres yeux pour semer en ce monde le meilleur de soi.

C’est ainsi que la piètre pitance de ce matin est venue stimuler la plume de mes pensées et crée une enfilade de mots qui résonnent maintenant dans l’espace de votre journée. Encore faut-il dépasser les jugements, la petite voix intérieure qui tente trop souvent de nous garder dans le connu et dans l'immobilisme. Oser, aujourd'hui. Oser, c'est l'antidote à l'ennui et au vieillissement.

mardi 15 septembre 2009

Quand les images parlent

Les images de consommation

Nous vivons dans un monde d’images. Tout va trop vite et plusieurs échappent à notre conscience. Les heures passées devant le téléviseur ou à consulter la presse écrite ou simplement à circuler sur nos routes stimulent déjà grandement notre rétine. Nous sommes sans cesse sollicités, essentiellement par des images de consommation, non pas tant parce qu’elles nous incitent à consommer que parce que nous les consommons et ce, parfois à notre insu. Biologiquement et cellulairement, elles interpellent notre cerveau via nos deux hémisphères qui traitent l’information selon leur nature spécifique.

Sommairement et dès le premier contact, ces images sont investiguées, jugées, associées et classées par notre hémisphère gauche dont la tâche principale est de les placer et de les intégrer dans notre histoire de personnelle. Le cerveau gauche crée un catalogue logique et affectif avec la collaboration de l’hémisphère droit. Il nous met en relation logique et affective avec ces images. L’hémisphère droit, quant à lui, accueille celles-ci avec son mode de perception spécifique: globalement et de façon sensitive. Les sens s’éveillent au seul contact visuel avec l’image. Conjointement, nos sens et notre histoire personnelle stimulent les associations qui favorisent le jugement et la classification des images perçues.

La réaction à l’image suit de près sa perception. Face à quelques-unes, nous ressentons une aversion, vis-à-vis d’autres un désir de consommation matérielle est stimulé alors que certaines nous touchent profondément au point d’éveiller de vives émotions qui s’avèreront totalement banales pour d’autres personnes de notre entourage.

Nous sommes seuls et uniques devant l’image que nous consommons. Et bien que génétiquement l’espèce humaine soit semblable à 99,99%, le 0,01% de différence s’exprime concrètement ici par notre perception unique du monde extérieur.


Les images de création

Mais qu’en est-il des images qui trottent constamment dans notre tête, nourries assez régulièrement par l’extérieur, et qui prennent aussi naissance dans notre monde intérieur ?
D’où surgissent-elles et pourquoi franchissent-elles, parfois, le seuil de notre conscience ?

Même la nuit, à l’abri de toute source médiatique, les images circulent à l’intérieur de nous et produisent même, quelques fois, des scénarios à la Harry Potter. Qui n’a pas déjà fait un rêve quasi cinématographique ? Stephenie Meyer, l’auteure à succès des livres Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation, a été inspirée par des images de sa vie nocturne. Elle fit le rêve d’un amour impossible entre un vampire et une jeune fille et, dans sa vie éveillée, elle a nourri la curiosité créatrice en allant à la pêche aux images afin d’en connaître la suite. Son imaginaire est maintenant sur grand écran et rejoint celui de milliers de lecteurs et de cinéphiles.

Ainsi, jour et nuit, nous sommes des fabricants d’images. Elles émergent, circulent et insistent parfois par la force et l’impact émotifs qu’elles soulèvent en soi ou par la puissance de leur message.

Qui dit message, dit décodage du message

Parallèlement aux images de consommation qui, elles, reflètent les valeurs du monde extérieur dans lequel nous vivons, les images intérieures parlent, quant à elles, de qui nous sommes en relation avec nous-même et avec ce monde extérieur. Connais-toi toi-même ! Et bien, devenir traqueur de nos images intérieures permet d’ouvrir la porte à ce monde qui nous habite, de nourrir la relation à soi et, par conséquent, de s’offrir l’opportunité d’une communication plus saine avec le monde de nos profondeurs afin d’actualiser notre plein potentiel en utilisant le pouvoir en soi pour créer notre vie.

Les images de transition

Il ne suffit plus de chercher des donneurs de sens à l’extérieur de soi mais de se demander quel sens nous voulons donner à notre vie. Se réapproprier ce pouvoir sur nos images, c’est aussi devenir souverain de notre mode intérieur. Par la voix de l’image, l’inconscient parle inévitablement de soi puisqu’il en émerge, d’un soi en relation unique avec lui-même et avec les autres.

Nous entendons, ressentons, goûtons, sentons et voyons ces images parler nuit et jour. Il suffit de s’engager dans une démarche d’écriture des rêves pour en reconnaître l’abondante source d’informations, souvent symbolique et énigmatique. Il suffit de nourrir la présence à soi dans l’ici et maintenant pour percevoir les messages de jour, pour se laisser surprendre par les synchronicités de la vie et pour apprécier les réactions sensorielles de notre corps qui demeurent un puit inépuisable de pistes qui mènent à soi.

Ces images nous parlent

Et si nous les faisions parler en entreprenant un dialogue avec elles ? Et si nous allions au-devant de la relation en répondant, simplement, à l’invitation qu’elles nous lancent en franchissant le seuil de notre conscience ?

Décrire par la mise en mots les images qui surgissent, les dessiner et les peindre installent définitivement la relation. Ce processus matérialise ce qui, sans cela, demeure virtuel au risque que ces images soient classées temporairement dans le dossier « Pas maintenant. Peut-être plus tard ».

Une fois décrite, dessinée ou peinte, la relation à l’image prend un nouveau souffle et, si nous le choisissons, nous pouvons suivre son mouvement. Au début d’une nouvelle relation, le dialogue s’avère être une bonne manière de faire connaissance. Des questions de base permettent de baliser et de sécuriser cette communication :Qui es-tu ? Où es-tu ? Que fais-tu ? Quel âge as-tu ? Accueillir les éléments de réponse qui émergent spontanément, sans juger, permet de mieux nommer ce avec qui ou avec quoi nous sommes en relation.

Cette partie de soi, qui a besoin d’être entendu, a d’abord besoin d’être reconnue. Cette reconnaissance passe par la prise en charge de nos images et, comme le fait un bon parent, en en prenant soin. Dans certaines situations, cette démarche se vit en solitaire et de façon autonome, mais parfois il est bon d’être guidé dans ce processus d’intériorisation.

Toujours, la pêche aux images est fructueuse. Mais pour cela, il faut choisir d’aller à la pêche, avec la patience et la passion inhérentes à cet art et avec la confiance que le poisson mord à l’hameçon, parfois, au moment où on s’y attend le moins.

S’engager à répondre aux besoins vitaux de nos images procure le sentiment profond et puissant d’être vivant.


Lexique
Image : odeur, vision, saveur, son ou sensation kinesthésique

Ateliers avec l'image:
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vendredi 11 septembre 2009

Botox

Ça fait déjà longtemps, deux ou trois ans, que les fourmis me chatouillent les jambes à chaque septembre pour m'inscrire à une session de Biodanza. Et bien, voilà, c'est fait. J'ai cassé la glace et mes petites fourmis ont pu se régaler de rythme, de mouvements et de conscience. Encore de la conscience, c'est une vraie épidémie, une saine contamination, de la conscience partout. Que voulez-vous, c'est le sel de ma vie! Pourquoi m'en priver.

Biodanza n'a rien à voir avec la danse africaine ou urbaine. Rien à voir avec la danse en ligne ou sociale. Et puis, je ne m'évertuerai pas à vous l'expliquer.Ça ne s'explique car c'est un moment pour soi au son de la musique. C'est plus que mettre la musique dans le plafond en faisant du ménage ou en se prenant pour une star d'un soir. C'est... comment dire, un moment vibrant avec la fibre musicale. Laisser les cellules valser au fluide musical.

Ça ne dit pas grand chose tous ces mots enfilés les uns après les autres pour vous parler d'une expérience enrichissante, autrement qu'avec mes pinceaux, mes toiles, mes couleurs, mes écrits... encore une occasion de m'habiter, me dis-je. Ouais, c'est ça. M'habiter encore un peu plus. Et ça ne finit pas ce processus-là! Car il paraît qu'on s'incarne toute la vie... jusqu'au moment de la désincarnation. Vaut mieux en profiter maintenant.

Quand j'irai me glisser sous la douche ce soir, j'aurai l'impression que mon corps a bougé sans avoir été violenté par un quelconque exercice de musculation bien que la soirée a été chaude et essoufflante. Surprenant comment le corps se réchauffe et vibre à bouger dans la joie. Ah oui, parce que c'est exactement ça... c'est dans la joie que ça s'est passé. Une joie plutôt pure. Une joie d'enfant, une joie simple, sans artifice. Nous nous accordons peu souvent le privilège de laisser cette sensation monter dans nos veines. Et quand le sourire s'installe de lui-même sur mon visage, c'est bon signe. La joie dégage mes ridules, masse mes muscles et nourrit mon cerveau. L'effet Botox de la Biodanza.... et pourquoi pas !

mardi 8 septembre 2009

Tout comme Yoda

La Presse de ce matin me rappelle que je ne suis pas seule. Robinson Curiosité est bien vivant.

Pour ceux et celles qui n’ont pas suivi l’affaire, comme moi, Claude Robinson est né dans ma vie en même temps que la justice canadienne lui a restitué ses droits de vivre. Cet artiste créateur qui a flirté avec Cinar, il y a 14 ans, a gagné sa reconnaissance à coups de barreau, de dossiers et d’années d’espoir et de désespoir. Cinar a été reconnu coupable, je dis bien coupable, de lui avoir usurpé son projet de dessins animés éducatifs Robinson Curiosité.

Cet homme, aux cheveux grisonnants et à la barbe bien fournie, de la même teinte soit dit en passant, a le regard bien ancré dans son visage. Des yeux qui en ont vu. Oh ! Vous me direz que La Presse choisit bien ses photos. Certes, mais peu importe l’angle, peu importe de toute façon, il est présenté ce matin comme un exemple de résilience. Et ça se voit car il y a un prix à la résilience.

Est-ce parce qu’il a eu gain de cause et qu’on lui reconnaît maintenant la paternité de sa création qu’il porte l’effigie de la résilience et qu’il devient un exemple pour tous ceux et celles qui en arrachent dans la vie? Avec la profession, avec la famille, avec le passé, avec l’argent…. Vous savez, ceux qui tentent par différents moyens, par différentes approches, par différents angles de vue de s’en sortir, vivant et plus encore, et de s’accomplir dans ce monde. Ceux qui ne lâchent pas, qui ne se lâchent pas.

La photographie de La Presse nous présente un homme aux traits marqués par la douleur du vol, par l’angoisse de n’être pas reconnu et par le fardeau de la preuve. Et la joie dans tout ça ! Où est-elle ? Est-il heureux, maintenant ? Est-il soulagé ? Et bien OUI. La photo nous parle de l’avant et, ici, la photo ne vaut pas mille mots. Car les propos de Robinson confirme que la joie de vivre accompagne la reconnaissance et que l’estime de soi, qui s’est écroulée sous le poids des années de tourments et de bataille, est, quant à elle, à rebâtir. Avec la joie au cœur et avec la reconnaissance de ses pairs, l’estime de soi a maintenant le vent dans le dos…

Circulent sur les trottoirs des villes des êtres en résilience, souvent incognito. On ne les reconnaît pas à leur écusson, faudrait y regarder de plus près ! Et, pour chacun et chacune d’entre nous qui persévère dans la traversée de l’ombre pour y trouver la lumière, il n’y a pas de mot… au fait, quelques mots seulement, ceux prononcés par le Maître Yoda dans La guerre des étoiles : QUE LA FORCE SOIT AVEC TOI !

lundi 7 septembre 2009

Un éclair de génie

Je ne me suis pas levée avec l’invention du siècle bien en main, je me suis plutôt glissé sous les draps sur les élans victorieux de Robert Kearns. Il n’est pas mon amant. Il est l’inventeur de l’essuie-glace intermittent. On plonge dans les années 60.

Le film en question, que j’ai visionné avant d’aller au lit (vous me voyez venir maintenant…), relate la longue bataille de Kearns contre les magnats de l’automobile, en l’occurrence Ford qui, sans reconnaître sa paternité, glisse ce « clignement d’œil » sur le pare-brise de leur nouvelle Mustang prétextant qu’ils sont les inventeurs, les créateurs et les propriétaires de ce qui sera utilisé par 145 millions d’automobilistes à travers le monde de nos jours.

Avec la distance et le temps, une invention telle que celle-ci paraît tout à fait banale. Il y a belle lurette que nous ne remarquons plus l’intermittence de nos essuie-glaces bien que nous en profitions. Et, en aucune façon, nous ne nous exclamons devant une invention aussi commode par jours de pluie. Soyez sans crainte, il ne s’agit pas d’histoire de mécanique automobile ou d’une quelconque valorisation de l’industrie en crise actuelle, mais celle de la reconnaissance personnelle.

Ce Kearns n’a pas lâché, il ne s’est pas lâché. Pendant près de 20 ans, il a revendiqué sa paternité en poursuivant en justice la Ford Motors pour lui avoir impunément volé le droit de reconnaissance sociale. Bien que Ford lui ait offert, à quelques reprises, de régler pour des sommes de plus en plus considérables, Kearns a à chaque fois refusé car la proposition écartait toujours la reconnaissance du vol d’invention et la reconnaissance qu’il en était le créateur. Jusqu’à la fin, devant les tribunaux où il a pris en charge sa propre défense, il a cru en lui. Son invention est une chose, le produit. C’est en lui qu’il a cru et en la bonne foi d’autrui, en l’occurrence le jury.

Ce matin, je me réveille avec le germe de la Foi en Qui je suis. Peu importe les actions, les créations, les intentions, Nous Sommes Qui Nous Sommes et c’est sur cet essence que nous pouvons nous reposer et sur laquelle je peux aussi compter. Tout comme Kearns, nous portons un écusson, visible que par quelques-uns d’entre nous et qui sont de plus en plus nombreux de nos jours. Un écusson sur lequel est gravé : Personne qui fait une différence dans ce monde. Pour sa part, Kearns portait celui gravé du nom d’inventeur. À chacun son écusson.

C’est définitivement ce matin que je me l’accroche à la peau et que je l’arbore fièrement. Bien loin de nous recadrer ou de nous limiter, il nous rappelle notre véritable identité et en informe toute personne qui sait reconnaître l’essence même au cœur de l’Être et qui voit aussi avec les yeux du cœur.

Kearns a éclairé la vitrine de ma vie en mettant en lumière que la création, la créativité, l’invention ne sont qu’un reclassement des matières premières mises à notre disposition sur cette terre. La matière première est à la portée de tous et quand nous replaçons dans des dispositions différentes les mots, les couleurs, les taches, les images, les contours, le courbes, les toiles, les paroles… nous créons un monde différent, nous inventons une vision nouvelle, nous devenons co-créateur.

Replaçons-nous dans une perspective différente en créant une nouvelle vitrine de vie en reconnaissant notre pouvoir et notre essence créatrice. Sans lâcher, sans se lâcher, demeurons au cœur de notre essence créatrice en arborant fièrement notre écusson :

Personne qui fait une différence dans ce monde

lundi 20 avril 2009

Crise curative

Semble-t-il qu’il a tué une femme par mépris. Les journaux relatent ses mots, noir sur blanc. Il méprise les personnalités politiques et l’argent. Il l’a tué parce qu’elle était riche. On nous balance ça à la une des journaux par souci de transparence dans une affaire de meurtre dont la victime était l’attachée politique d’un ministre. J’apprends que le mépris est mortel.

Le cancer te surveille, fait fuir ton avenir et se rapproche à la vitesse des années ; quand ce n’est pas le diabète qui se pointe le nez c’est l’alcool qui sabote ton foie ou déroute ton véhicule de sa trajectoire. L’hypertension, l’hypoglycémie, l’obésité, la dépression… Ajoute à ça le sida, si jamais ta tête était ailleurs quand ton cul était au volant de ta vie. Gare aux femmes ! Où que tu sois, le danger te guette en plus de l’ostéoporose qui frappe à l’os dans le détour. Et si, par-dessus le marché, tu as eu le malheur d’avoir fait bonne fortune, tu risques une autre maladie mortelle au banc des accusés. Peut-être l’apprends-tu en même temps que moi !

Petite vie ! Tu fais ton petit train-train quotidien. Tu ne fais pas de mal à personne. Tu abuses de la luzerne et des pois chiches. Et bang ! La descente aux enfers. Tu apprends que tu as été adopté, que ton mari te trompe avec ta meilleure amie, que ton patron veut ta peau en échange d’une augmentation, que ton placement bancaire dégringole à cause d’un plus riche que toi qui est maintenant à la rue. L’univers entier est en crise. Tous le disent, l’écrivent… je ne t’apprends rien…. Du moins je l’espère !

On dit que c’est le champ magnétique terrestre qui s’affole. Les pôles s’inversent au rythme des humeurs. La couche d’ozone fait fuir les ions négatifs.

Les médiums et les diseuses de bonne aventure ne chôment pas beaucoup ces temps-ci. Tout le monde cherche à comprendre sa part de malheur, ses peurs et ses angoisses dans un univers à la dérive. Où donner de la tête ? La menace vient de partout. À croire que c’est un crime organisé pour nourrir l’immobilisme planétaire. Ne sors pas ; ne bouge pas et attend que la tempête passe. Encore chanceux si tu ne t’es pas immobilisé sur un fauteuil chinois confectionné par le travailleur que tu t’es payé dans les années 60 à coup de cinq cents. Il te retourne la monnaie de ta pièce dans un gratteux glissé sous les coussins.

En attendant, qu’est-ce que je fais de mes rêves qui crient à tue-tête. Je ne parle pas du rêve américain ou de mon billet de 6/49. Je te parle de mes rêves d’enfance, des rêves qu’on dépose sous l’oreiller pour les confier à Dieu pour qu’il en prenne soin pendant le sommeil. Les rêves qu’on porte dans son baluchon de la garderie à la polyvalente et même jusqu’à l’université, ce haut lieu où l’on veut bien encore changer ce monde en un monde meilleur, ici-bas, pour tous. Et bien qu’en faites-vous, mesdames et messieurs, de mes rêves et de tous les rêves qui sont apparemment accrochés au pôle de douche sous une pluie infernale de dépressions plus économiques les unes que les autres ?

Il ne faudrait surtout pas compter sur la gente politique pour les prendre en charge. Elle tente désespérément de surnager dans le tsunami médiatique des fraudes, des impasses, des rêves qui se cassent la gueule à coups de millions. Je ne les trouve pas très fiables ces gens-là. Je ne leur prêterais pas mon argent pour qu’ils en fassent la gestion. Je préfère m’occuper de mon portefeuille moi-même et voir à dépenser comme bon me semble, mes minces économies, réalisées sur mon propre dos. Et outre ma petite monnaie, ce n’est pas dans ma tirelire que j’ai camouflé mes rêves. Ni Dieu, ni moi, ne les avons omis sur une quelconque tablette à côté d’un dossier crasseux du meurtre d’un Noir par un policier encore anonyme.

Non. Mes rêves sont toujours vivants. On dirait même que la frayeur générale vient leur donner vie et envie ; celle de reprendre le volant de ma vie et de m’accorder le droit à cette liberté de rêver, éveillée. Vous direz qu’il s’agit d’une coïncidence, que la crise mondiale correspond à mon célèbre anniversaire et que c’est la crise de la cinquantaine qui tire sur la carotte pour la manger avant la fin du repas. Je sais. C’est le moment tout choisi, pour moi. Toute cette effervescence à la baisse me remonte le moral. Des millions à perdre, je n’en ai point. Mais comment évaluer, monétairement, la valeur d’un rêve en gestation. Nul actuaire ne saurait se prononcer. Je suis passablement plus riche que quiconque avec ma banque de rêves bénis par le Seigneur lui-même pendant le chiffre de nuit. Je ne me prends pas pour une brebis perdue qui revient de Compostelle. Bien au contraire, cinquante ans à se chercher engendrent inévitablement des retrouvailles intenses avec soi-même, à en rendre jalouse Claire Lamarche.

Combien d’entre nous peuvent brandir une liste de rêves bien haut et bien fort, sans avoir peur de se la faire usurper pour un quelconque montant d’argent qui ne vaut plus rien maintenant ? Nous en avons tous un ou deux et peut-être même trois de ces rêves : si j’avais de l’argent… si je gagnais à la 6/49…. si j’étais millionnaire… Et le Banquier tant convoité dresse la liste de ses postulants dans la masse médiatisée et rêveuse de s’offrir le meilleur selon le Magazine People. Simplicité volontaire oblige, il y a peu d’élu sur le plateau.

Mais puisque je pose « la » question, voulez-vous entendre « ma » réponse ? J’ai plus de 108 rêves réalisables à réaliser. Des rêves qui traînaient dans les coins de tiroirs depuis longtemps. Des désirs inattendus et des projets laissés pour contre parce qu’il y avait la vie devant soi. Surprise ! Quand je prends un galon à mesurer et que j’y repère mon cinquante ferme, je constate qu’une bonne partie de ma vie s’étale de tout son long derrière moi. Le temps presse et je n’emporterai pas en terre quelques babioles que ce soit. C’est pourquoi je clame haut et fort que c’est chaque matin, à mon réveil, que je plonge dans mes rêves ; ceux que je porte dans un baluchon trop pesant maintenant et qui tentent de me précéder, marchant droit devant moi, dans l’insistance de se réaliser.

Toutefois, qu’on soit riche ou pas, le cercueil ne partira pas les poches pleines, ni d’argent, ni de rêves. Les déboires de l’occident bien nanti appellent au secours les capteurs de rêves qui se résilient à se mettre en action. Vivre et créer en temps de crise. La crise curative, voici un bon titre à inscrire noir sur blanc à la une de mon quotidien préféré. Et si la crise actuelle s’avérait curative et qu’un verre à moitié vide devenait soudainement « plein » par les yeux de celui qui regardent et qui crée sa propre réalité, relative, me direz-vous. Et bien, nous y voilà. La relativité d’Einstein nous sauvera par le choix exceptionnel que nous possédons, tous, celui d’une perception relative de notre propre existence. Laurent Paquin lui-même affirme que tout est relatif et il ne nous apprend rien en riant un peu de nous. La perte et le gain sont relatifs à chacun.

Devant toutes les menaces qui pèsent actuellement sur les enfants du capitalisme, je vous surprendrai peut-être en vous révélant que la plus destructrice des menaces est le mépris que nous entretenons envers nos propres rêves, par l’ignorance et l’indifférence à leur égard. Tuer sa propre créativité est la maladie auto-immune la plus mortelle que nos sociétés tolèrent silencieusement et insidieusement. L’insistante attention portée sur l’argent, les gains et les pertes des riches et des pauvres, nous détourne de l’œuf d’or que nous portons tous : une vision, une mission, un rêve, un projet, une réalisation qui, inévitablement, impliquent le tissu collectif et risque une saine contamination par la force de son antidote : la joie inhérente à toute réalisation.

Dans ces temps de grandes bascules où les repères changent d’identité, nos rêves méritent un regard bienveillant et une considération sincère dans l’espoir d’une réalisation prochaine. Le rêve donne vie à la matière grise, il entretient la foi et la joie, denrées rares dans un monde à la dérive et qui sont les fondations solides de la créativité.