lundi 24 septembre 2007

Conte d'elle !

Je sais que le temps et l’action d’écrire, d’observer, d’agir font leur œuvre.

Je suis sans cesse omnibulée par un sentiment d’urgence, d’une grande réalisation en gestation. Je n’ai jamais vraiment fait de petits pas. Je n’ai jamais voulu faire ces petits pas qui préparent à être grand. J’ai souvent voulu arriver à destination avant même d’avoir voyagé. Certaines fois, dans ma vie, j’ai été obligée de m’attarder en cours de route. Même que c’est la destination qui m’a rebondi en pleine face afin que je prenne le temps d’intégrer au lien d’ingérer.

Je suis pressée. Il s’agit davantage de peur que d’empressement. J’ai voulu rattraper le temps de devenir meilleure rapidement. Devenir quelqu’une rapidement, maintenant, tout de suite. Car, en attendant, c’est insoutenable. Insoutenable de tensions intérieures de n’être personne. Sensation inconfortable, presque psychotique, angoissante, c’est le moins qu’on puisse dire. L’angoisse du vide en Soi, l’angoisse du Rien qu’on est et du Tout convoité après lequel je cours tant. Je me dépense totalement à Être, je cours après moi-même, m’exténuant à force de "marathoner". Dès que je m’approche de Moi, car quelques fois je me frôle, je me sauve, je m’esquive sous tous les prétextes. Et voilà mon sac à dos rempli de regrets, d’amertumes et d’échecs, d’avortements intérieurs tel un album souvenirs souffrant. Car je répète et répète sans cesse le même scénario, coffrant images par-dessus images. Le diaporama de ma vie s’épuise maintenant dans l’estime de Soi qui s’effrite.

J’ai enfin vraiment peur d’Être qui je suis. Sous prétexte de me faire croire que je deviens, j’ignore que je suis déjà. Enfin, je vois cette peur d’un peu plus près, en face, je la reconnais, elle me hante depuis toujours, parfois, souvent à mon insu. Elle me traque, tel un polar glacial.

La fin du film pointe ses images et je suis, tel le spectateur en haleine du dénouement, l’actrice au bord du saut de l’ange, celui qui donne des ailes, des vraies. Non pas celles des contes de fées. Les ailes de la transformation totale. Les ailes du désir d’être Soi. Soit Être ou mourir. Être, voilà ce qui conte !

mardi 18 septembre 2007

Les maisons

Les maisons ne se ressemblent pas.

En prenant ma marche, celle qui me fait me déplacer sainement dans mon quartier, j'ai apprécié les maisons de mon entourage d'un oeil différent ce matin. Il fait beau, l'air d'automne.... de la fin de l'été du moins, est frais et le soleil est chaud. C'est bon. Ma douce promenade m'a invité à la découverte de ce que j'avais, apparamment, déjà vu: les maisons du coin.

Les maisons sont des êtres, qui semblent inertes, avec leurs fenêtres et leurs portes, fermées à 10h du matin alors que les "Êtres" qui les habitent sont au boulot. Elles sont toutes différentes, particulières, créatives, originales, banales, campagnardes, modernes, en construction, à l'abandon... un peu comme nous, finalement, elles sont en évolution.

En tous les cas, elles sont jolies les maisons de mon quartier. En plus, elles sont bien entourées d'arbres, de fleurs, d'arbustes, de tables qui rassemblent, de chaises qui reposent et de parasols qui protègent, de chiens qui aboient et de chats qui rôdent. Elles sont accueillantes pour l'oeil et piquent ma curiosité.

Ce matin, j'ai visité le catalogue de mon quartier et j'ai choisi ma maison, celle qui n'en finit plus d'évoluer depuis son grand dérangement de 2006. Je l'ai choisi parce que c'est la mienne, celle de ma famille et parce qu'elle est bien habitée, elle est vivante et remplie de projets.

mardi 11 septembre 2007

Aujourd'hui

En écrivant mes pages du matin, ce matin, tracer la date a créé un inconfort certain, comme à chaque année, à la même date, depuis ce 2001.

Elle est chargée, cette journée du 11 septembre.... de n'importe quelle année, finalement. Jour du souvenir! Jour de douleur, de stupéfaction, de colère, de haine, d'impuissance, d'incompréhension, de malheur, de fragilité, d'éphémère, d'intemporalité...

Une journée dont tous les humains de toute la planète se souviennent. Une journée devant laquelle on s'incline, sur laquelle on médite et de laquelle on contemple sa propre douleur de vivre, s'il en est ainsi.

Une journée volée à l'humanité, une journée de grande envolée. Un vol nolisé pour l'au-delà pour plusieurs de nos frères et soeurs. Est-ce qu'on choisit notre départ, le moment et le moyen? Sûrement pas consciemment. Sûrement pas, car celui-ci, ce moyen de mourrir collectivement, dans l'horreur, la peur et l'impuissance ne peut être le choix d'un être humain. Tout le monde veut aller au Ciel, mais personne ne veut souffrir!

En cette journée 2007, grisâtre et tranquile, je prends quelques moments avec moi pour contempler le vol nolisé que j'ai choisi, inconsciemment, pour venir sur la Terre. Je balaie, du regard, le chemin parcouru jusqu'à maintenant, la vigueur avec laquelle je me suis activée à réaliser des projets ainsi que l'hésitation qui en immobilise encore d'autres.

Aujourd'hui, c'est la bonne journée pour refaire le choix d'être Soi, dans toute sa grandeur et dans toutes ses couleurs. Une journée toute choisie pour reconnaître le privilège d'être Ici, avec Soi et avec les Autres, à faire de ce monde un rêve, une éternité, bien incarnée.

samedi 8 septembre 2007

Samedi matin

Bon samedi matin, chère Line.
Bon samedi bol de café au lait. Pendant que les filles cuisinent des biscuits bien gras et bien sucrés.
Bon samedi, point virgule d'une semaine de rentrée. Rentrée ici et là, école, travail, nouveau local de création, ateliers et cours et course et... respire ma cocotte!
Bon samedi matin, chère Line, qui mérite un temps d'arrêt et de saveur d'un samedi matin venteux et chaud. La brise envoutante s'infiltre dans mon atelier, caresse les livres, les objets, les peintures, l'ordinateur et, plus que tout, ma peau. Pendant que les filles font le décompte de la minuterie du four qui annonce la cuisson compléte de ces fameux biscuits qui ne se déposeront pas sur mes papilles.

Bon samedi tranquile, pendant que les filles, de l'autre côté de ma porte, chantent et se réjouissent de leur création culinaire, cuillère de bois à la main. Des filles, ça chantent, ça rigolent, ça placottent, ça jacassent tout le temps, tout le temps! Un vrai poulailler dans ma cuisine.

Et moi, à l'écriture du matin, tardif, je l'avoue. De l'autre côté de cette même porte. Je mijote et concocte mes créations. Je mélange mes imageries, ingrédients précieux de ma cuisine personnelle, création d'une nourriture "intérieure" à partager à la table avec des convives au coeur des ateliers que j'offre au Centre Multi-Santé. Comme un voyage, un voyage guidé dans son propre monde.

On visite bien la planète, à coût de dollars et de temps d'investissement. Une petite visite dans le vaste intérieur de soi, tel un musée, un temple sacré, un magnifique panorama, une mer somptueuse et pourquoi pas un village fantôme qui ne demande qu'à exorciser ses démons et à actualiser son potentiel créatif.